À ceux qui veillent : ôde aux travailleurs de nuit et à leurs instants suspendus

À ceux qui veillent : ôde aux travailleurs de nuit et à leurs instants suspendus

À ceux qui veillent.
Ceux qui connaissent les couloirs déserts et les heures floues où les âmes se frôlent sans bruit.
À ceux pour qui la nuit est un lieu de travail, mais aussi parfois un lieu de confidences, de réminiscences, de feu discret sous la fatigue.
Voici quelques mots pour vous — pour nous.

Ôde à mes compagnons noctambules

Il y a des âmes que l’on ne rencontre qu’à la faveur de la nuit.
Ce texte pour ceux qui, comme moi, veillent pendant que le monde se repose. Ces quelques mots pour dire merci.

Il y a des conversations qui ne peuvent naître qu’à la tombée du jour. Quand enfin le monde se tait, quand la lumière vacille, douce et tamisée, alors les âmes parlent autrement.

Il y a, dans ces heures suspendues sur l’expiration d’un jour, des confidences qu’aucun matin ne pourrait contenir.

Ce ne sont plus des échanges pressés, convenus ou habillés de formules.
Non.
La nuit déshabille les phrases et les cœurs.
Elle les rend brutes, tendres, profonds.

Quand les couloirs se taisent, quand les lumières s’éteignent et que le sommeil des autres devient un lourd manteau de silence, souvent, nous parlons.
Vraiment.
Simplement.
Parce que la nuit sait écouter ce que le jour oublie d’entendre.

C’est souvent là, entre deux sourires et un "je ne sais pas pourquoi je te dis ça", que naissent les plus belles confidences.
Les blessures murmurées entre deux battements de cœur.
Les rêves que l’on croyait oubliés.
Les vérités que l’on n’ose pas dire à la lumière du jour.
L’abîme qui nous ronge tous mais que l’on tait par convenance.

Il arrive parfois, au détour d’un éclat de rire ou d’un silence partagé, que je retrouve un parfum ancien.
Celui des nuits blanches de ma jeunesse, lorsqu’avec des compagnons d’infortune, nous refaisions le monde, une cigarette à la main, un verre dans l’autre et l’odeur des croissants encore tièdes glissés en douce par un copain apprenti, à cinq heures du matin.

Nous n’avions rien, sinon le cœur en feu et les rêves mal ajustés.
Mais nous avions la nuit et les étoiles pour témoins.
Et elles suffisaient.

Aujourd’hui encore, il arrive que ce même feu revienne dans mes nuits de travail.
Dans les sourires glissés entre deux silences, dans les confidences murmurées au détour d’un couloir, dans la tendresse silencieuse que l’on partage sans toujours l’avouer.

Les blessures s’y déposent aussi plus doucement, c’est vrai.
Les sourires y sont plus francs et parfois, une simple présence devient la seule lumière du couloir.

On y rit plus doucement.
On s’y confie sans se cacher.
On s’y raconte sans défense.

Dans cet entre-deux où l’on s’oublie un peu, nous partageons des miettes d’humanité.
Des soupirs. Des éclats de vérité.
Parfois même, un éclat d’âme.

Peut-être est-ce parce que la nuit invite à l’essentiel.
Parce qu’on n’a plus l’envie de tricher, de faire bien, parce que l’on a juste envie de faire vrai, parce que nos cœurs battent plus fort dans l’obscurité.
Ou peut-être est-ce simplement parce que les étoiles savent écouter.

Nous ne sommes peut-être que des silhouettes en blouse dans le noir, mais je crois que la nuit, elle, nous voit tout entiers.
Je crois aussi que le jour ne saura jamais ce qui se cache dans le cœur des heures d’après minuit.

Alors à vous, compagnons d’insomnie volontaire,
à vous qui tenez la main sans qu’on le voie, qui portez bien plus que votre poids dans ces heures impalpables…
Je dédie ces mots.
À la lumière cachée de vos âmes.
À ce que l’on dit quand personne n’écoute.
À la tendresse, même fatiguée, même en silence.

Vicky — Funambule entre l’ombre et la lumière

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2 commentaires

Merci à toi, pour ta bienveillance, ton sourire, et ces heures nocturnes partagées 🥰🌙✨️🙏

Réponse de Vicky

🤗🥰 magnifique, merci ✨

Manuella Chatain

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