
Derrière la peur, la Vie
Share
Peur de déplaire, peur
d'oser, peur d'Être
La peur nous retient et nous protège. Si l'on apprend à l'apprivoiser pourtant, elle devient passerelle : vers l’inconnu, vers nous-mêmes, vers une existence plus vraie.
Nous avons tous peur. Peur d’être trop ou pas assez. Peur de décevoir, de déranger, de ne pas être à la hauteur, de nous tromper. Nous avançons souvent masqués, convaincus qu’il faut plaire pour être acceptés. Alors nous taisons nos élans, nous retenons nos mots, nous travestissons nos désirs. Et peu à peu, nous oublions la saveur de notre vérité. Nous nous oublions.
La peur de déplaire
Il y a cette crainte sourde : celle d’être rejeté·e si nous montrons qui nous sommes vraiment. Alors nous nous coulons dans les attentes, comme si exister pleinement risquait de briser le fragile équilibre qui nous rattache aux autres. Mais à force d’être ce que l'on attend de nous, nous perdons ce que nous sommes réellement.
La peur d’agir
Elle prend mille visages. Peur de se lancer dans ce qui nous attire. Peur de dire « stop » à ce qui nous épuise. Peur de quitter le connu pour l’inconnu. Peur de faire le grand saut. Alors vient le vertige : et si je me trompais ? Nous restons alors immobiles, suspendus entre ce que nous ne voulons plus et ce que nous n’osons pas encore choisir. Nous choisissons les regrets.
Le saut dans l’inconnu
Se lancer vers l’inconnu, c’est marcher dans une brume épaisse. On avance à tâtons, avec l’impression qu’à tout moment le sol pourrait se dérober sous nos pas. Les doutes se lèvent : et si j’avais fait fausse route ? et si tout s’écroulait ? Et si je ne pouvais pas revenir en arrière ?
Ces moments de fébrilité ne sont pas des preuves d’erreur ; ils sont le langage du changement. Ils disent que nous quittons un rivage familier pour tendre vers un horizon neuf. Ils nous rappellent que toute transformation véritable comporte son lot d’incertitudes — et que c’est précisément ce qui en fait la beauté. Nous quittons notre zone de confort pour trouver la magie, notre magie.
C’est normal de douter en chemin. Quand la peur parle fort, ralentis. Respire. Ramène le futur à un prochain pas (un appel, un mail, une page écrite, une visite). Le courage n’est pas l’absence de peur : c’est le geste fidèle posé malgré elle.
Exemple très concret : se préparer à un grand départ — comme traverser l’océan pour commencer une nouvelle vie au Canada (au hasard) — n’exige pas de certitudes absolues, mais une succession de petits oui. Un oui pour rassembler les papiers. Un oui pour faire une valise. Un oui pour franchir la porte. Le cœur tremble ; la route s’ouvre.
Et si on se trompe ?
La peur nous chuchote souvent que nous allons regretter, que chaque pas est peut-être une erreur. Mais se tromper, ce n’est pas échouer ; c’est avancer avec les moyens du moment. C'est apprendre. C'est se dire, oui, j'ai osé, oui, je l'ai fait, et je me suis senti.e en vie. Même une bifurcation qui ne mène pas où l’on espérait nous apprend quelque chose de précieux. Il n’existe pas de chemin parfait, seulement des expériences qui nous forgent et nous affinent. Le vrai échec, ce n’est pas de se tromper ; c’est de n’avoir jamais osé.
Apprivoiser la peur
Et si la peur n’était pas une ennemie à abattre, mais une messagère ? Elle nous montre ce qui compte pour nous, ce qui touche notre cœur au point de nous faire trembler. La peur ne disparaît jamais totalement. Mais elle peut devenir une passerelle, un signe que nous approchons de ce qui nous rend vivants.
Oser malgré la peur. Dire ce mot qui brûle sur nos lèvres. Faire ce premier pas, même incertain. Choisir la vérité de notre âme plutôt que la sécurité de l’ombre.
Derrière la peur, il y a la Vie
Toujours. La Vie nous attend, patiente, vibrante, prête à nous accueillir dès que nous acceptons de la rencontrer.
Mini rituel du soir : Lorsque le doute t’envahit, allume une bougie et prends une feuille. Écris ta peur sans filtre, puis replie le papier en trois. Place-le sous la flamme (sans danger) et regarde la lumière danser. Dis simplement : « Je n’ai pas besoin de certitudes, seulement d’un pas après l’autre. » Laisse la bougie brûler un instant, puis souffle doucement. La peur reste, mais toi, tu avances.
Vicky — funambule entre l’ombre et la lumière