En marge, éloge de ceux qui marchent un pas à côté

En marge, éloge de ceux qui marchent un pas à côté

Un éloge doux et lucide de la marge : cet espace discret où se retrouvent rêveurs et sensibles. 

Il y a ceux qui vivent bien au centre. Leur existence semble nette, bien alignée, sans bavure, sans rature. Ils cochent les cases dans l'ordre, avancent droit, sans trop se poser de questions. Et puis, il y a les autres. Ceux qui dévient un peu, qui écrivent à côté de la ligne, qui ont toujours eu du mal à « rentrer dans le cadre ». Ceux que l' on dit « en marge ».

Être en marge, ce n’est pas être exclu, c’est être à la lisière, cet espace discret où naissent les idées, où les âmes sensibles se reconnaissent. Et dans la vie, c’est pareil : les êtres « en marge » sont ceux qui refusent de se fondre, non par orgueil, mais parce qu’ils ont trop de vérité à porter.

Donc, qu’est-ce qu’une marge, sinon un espace de liberté ? Dans nos cahiers d'écolier, c’est là que l’on gribouillait les prénoms qui nous faisaient rougir, les élans qui ne se soumettaient pas à la règle. On y écrivait ce que l’on ne pouvait pas dire au centre, ce qui brûlait doucement. C’est là que naissaient les idées qui dépassaient du sujet. La marge, c’est ce bout de page réservé à ce qui ne rentre pas dans la leçon… dans l’ordre bien réglé de la société.

Je me souviens d’un jour, au collège. J’avais écrit dans la marge de mon cahier le prénom qui me donnait des papillons dans le ventre à cette époque. Mon professeur, qui était un homme très strict et intimidant (bien qu'à l'époque, toutes les figures d'autorité m'intimidaient 😅), s’était arrêté à ma hauteur dans l’allée et avait dit d’une voix forte et sévère :

« Aussi merveilleux et exceptionnel qu’il soit, il n’a pas sa place dans mon cours d’histoire. »

Personne n’avait ri (heureusement car je crois que sinon, je me serai évaporée 🫠). Parce que nous savions tous que la marge, c’est justement là où l’on écrit ce qui n’a pas sa place ailleurs, c’est là où l’on écrit ce qui déborde du cœur. Aujourd’hui encore, si l’on retrouve nos vieux cahiers, ce sont ces prénoms, ces phrases, ces petits éclats de vie sur le bord de la page qui nous font sourire.

Cette anecdote personnelle a la saveur douce-amère de l’enfance, de ces petits gestes sincères que le monde adulte juge futiles mais qui, pour nous, contiennent tout un univers.

Être en marge, c’est vivre sur le seuil, entre le monde et soi. C’est observer avec tendresse ce que d’autres ne voient plus. C’est avoir besoin de silence, de lenteur, de vérité brute. Les gens «en marge» ne cherchent pas à briller : ils cherchent à comprendre, à ressentir, à donner du sens à ce qu’ils touchent, à leurs rencontres, car chacune est importante. 

Et peut-être est-ce là que se cachent les âmes les plus belles. Celles qui doutent, qui s’épuisent à vouloir bien faire, mais qui finissent toujours par écouter la petite voix intérieure qui murmure : « Reste fidèle à ce qui fait battre ton cœur, à ce qui te fait te sentir vivant ». Dans la marge, on croise les êtres vrais, les authentiques : les poètes, les artisans du cœur, les âmes blessées et mélancoliques, les rêveurs lucides. Ceux qui transforment la solitude en art de vivre. Ils observent, ressentent, comprennent autrement. Ceux qui ne rentrent pas dans le moule, mais qui, par leur seule présence, redessinent la page.

🍃 Être bien dans sa marge

Parce qu’on peut être à part sans être à l’écart. Voici quelques gestes simples pour apprivoiser cet espace et en faire un refuge plutôt qu’un exil :

  • 1. Crée ton rituel de retrait. Chaque jour ou semaine, offre-toi un moment de silence : une tasse de thé ou de café (ou tout ce qui fait du bien à l’âme), une marche au crépuscule, un carnet ouvert à la lumière d’une bougie, aller pêcher, etc. C’est là que la paix s’installe.
  • 2. Note tes « marges intérieures ». Tiens un carnet où tu écris ce que tu ne dis à personne : les phrases qui te traversent, les images, les rêves, les élans. C’est ta marge sacrée, ton espace d’authenticité.
  • 3. Entoure-toi d’âmes semblables. Cherche la compagnie de ceux qui ne jugent pas. Les discussions lentes, les regards qui comprennent sans mots. Ces rencontres-là nourrissent.
  • 4. Rappelle-toi que la marge n’est pas un défaut. C’est une zone d’expérimentation, de liberté, d’art. C’est l’endroit où naissent les mondes nouveaux, les idées différentes, les chemins singuliers.
  • 5. Célèbre ta différence. Allume une bougie, respire, remercie la vie pour ce regard à part qui t’habite. C’est ton don, ton ancrage, ton étincelle.

Et peut-être qu’au fond, c’est cela, être « en marge » : habiter pleinement le bord du monde, là où le vrai recommence. Alors, on se retrouve quand tu veux dans la marge ☺️.

Vicky, funambule entre l’ombre et la lumière

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