
L'étrange langage du silence partagé
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L'étrange langage du silence partagé
Une confession vibratoire pour ceux qui ressentent avant de comprendre.
I. Le trouble silencieux
Je n’aime pas être prise dans les bras.
Je n’aime pas que l’on me touche les mains.
Pas parce que je rejette l’autre. Mais parce que ces gestes, pour moi, ne sont jamais anodins.
Ils sont des portails.
Quand quelqu’un me touche, je ressens trop.
Une énergie. Une émotion. Parfois un poids.
C’est comme si je percevais ce que l’autre transmet sans en être conscient.
Et cela me trouble.
Depuis toujours, je suis troublée par l’humain.
Il y a chez moi une manière d’être au monde que je n’ai jamais vraiment su apprivoiser.
Je parle, je ris, je vis… mais il suffit parfois d’un frôlement d’âme, et tout se dévoile, sans masque, sans filtre.
Comme si une faille douce se créait en moi, prête à recevoir ce que l’autre ne dit pas.
Je ressens.
Intensément.
Immédiatement.
Et cela me bouscule, parfois même me paralyse.
Ce n’est pas de la timidité. Ni une fragilité. C’est autre chose. Quelque chose de plus subtil.
Quelque chose que certains appellent intelligence intuitive, hyperesthésie relationnelle, ou même empathie énergétique.
Mais moi, je dirais simplement que c’est une manière de percevoir l’autre avant même qu’il ne parle.
Un langage ancien, silencieux. Un échange d’âme à âme.
Quand cela m’arrive, je perds mes mots ou bien je parle trop, pour ne rien dire vraiment.
Mais pas parce que je n’ai rien à dire.
Plutôt parce que tout se dit déjà… ailleurs.
Dans la vibration du silence.
Dans l’écho d’un frémissement à peine visible.
Dans ce lieu invisible où les sensibilités se reconnaissent.
Quand quelqu’un me regarde une seconde de trop ou me touche, cela réactive une mémoire d’avant moi.
Quelque chose que je ne peux pas expliquer, mais que mon être entier reconnaît.
“Certains regards contiennent toute une conversation qui n’a jamais besoin d’être dite.”
— Virginia Woolf
Je ne crois pas aux dieux.
Mais je crois en l’énergie pure.
Je crois que dans certaines rencontres, certains regards, certains frôlements, le souffle ancien du monde passe encore.
Et je le ressens.
Dans ma peau.
Dans mes cellules.
Dans ma mémoire invisible.
“Dire ce que l’on ressent, c’est parfois déjà ne plus le sentir tout à fait.”
— Emily Dickinson
Longtemps, comme beaucoup d’entre vous, j’ai cru que c’était un problème.
Que j’étais “trop” : trop sensible, trop émotive, trop touchée.
On me l’a dit, parfois avec tendresse, parfois avec agacement, parfois avec une certaine incompréhension.
Mais aujourd’hui, je comprends que ce n’est pas une faille. C’est une chance.
Une chance étrange, oui.
Parce qu’elle déstabilise. Parce qu’elle dérange l’ordre établi.
Parce qu’elle ne se maîtrise pas.
Mais une chance tout de même.
Car elle me relie.
Elle me rend capable de voir l’invisible, de sentir l’autre sans qu’il ait besoin de parler.
Je capte les vibrations, les tensions cachées, les tendresses silencieuses.
Je sens ce qui flotte dans l’air, ce qui vit entre les mots.
Et parfois… je m’y perds.
Mais c’est aussi ce qui me rend vivante.
Ce qui me permet de créer. D’écrire.
De concevoir des bougies comme des refuges pour les âmes.
De parler à ceux qui, comme moi, ne trouvent pas toujours les mots, mais qui ressentent tout.
Alors non, je n’ai jamais su “fermer les portes”.
Je n’ai jamais appris à faire semblant.
Et peut-être que c’est un peu ça aussi, être païenne : croire en ce que l’on sent, même si ça ne s’explique pas. Même si ça ne se voit pas.
Habiter le monde par l’intuition, et non par les certitudes.
Je suis troublée par l’humain. Et j’ai mis du temps à ne plus en avoir honte.
Mais je n’ai pas appris à le maîtriser, pas vraiment. Je vis avec. Cela me bouleverse encore.
Et pourtant, je n’aimerais pas changer.
C’est une singularité. Une particularité vibratoire, comme mes yeux couleur noisettes les jours de beau temps.
Quelque chose qui me définit, sans me limiter.
Je ne garde pas les énergies de l’autre. Non. Elles se dissolvent doucement dès que le lien se rompt.
Il peut rester une trace, un parfum léger, un résidu presque poétique… mais rien d’insurmontable, et parfois même plaisant, car je peux m’y reconnecter au gré de mes envies.
Ce n’est pas l’après qui me bouleverse, c’est l’instant, le moment de la connexion pure.
C’est là que tout vibre. Là que tout s’ouvre.
Et là aussi que je vacille, parfois, face à l’intensité du vivant.
II. L’empreinte primordiale : quand l’invisible se souvient
Ce trouble que je ressens n’est pas seulement émotionnel. Il vient de plus loin.
De plus profond.
Je crois qu’il touche à quelque chose que beaucoup d’entre nous ont oublié, sans jamais cesser de le porter :
une empreinte primordiale.
C’est une mémoire vibratoire, non pas personnelle, mais universelle.
Une mémoire d’avant les mots, d’avant même l’âme individuelle.
Elle réside dans la chair, dans la peau, dans l’espace subtil entre deux corps qui se frôlent sans se toucher.
Elle s’éveille parfois dans une rencontre, un regard soutenu, une proximité muette.
Elle se manifeste dans la résonance entre deux êtres, lorsqu’ils incarnent, même inconsciemment, deux polarités complémentaires.
Car ce n’est pas une question de genre.
Les forces que nous incarnons ne sont pas figées dans le masculin ou le féminin.
Ce sont des archétypes vivants, non genrés mais bien polarisés : l’élan et l’accueil, l’intensité et la douceur, la structure et le mouvement.
Des dynamiques qui cherchent, parfois, à s’équilibrer l’une l’autre. Un tango parfait.
Et quand ces pôles se reconnaissent dans une rencontre,
il se produit quelque chose d’étrange, de sacré, de profondément déroutant.
Une tension subtile, presque cosmique.
Un rappel d’unité.
C’est cela que je ressens.
Ce n’est pas une simple interaction humaine.
C’est une reconnexion temporaire à une énergie originelle.
Et je pense que je ne suis pas seule à vivre cela.
III. Le frisson de l’unité oubliée
Quand cette empreinte s’active en nous, ce n’est pas seulement un écho lointain.
C’est un mouvement de mémoire.
Comme si l’âme se souvenait d’avant. Avant qu’elle ne soit une âme.
Avant qu’elle ne soit fragmentée, nommée, différenciée.
Un état de plénitude.
Elle se souvient de l’état d’unité.
D’un temps hors du temps où tout était encore contenu dans le Tout.
Pas de séparation.
Pas de polarité.
Pas de manque.
Seulement une vibration originelle, complète, indivisible.
Et lorsque, dans une rencontre humaine, cette tension juste apparaît…
ce frisson remonte.
L’âme reconnaît une autre fréquence accordée à la sienne,
et elle se souvient.
Non d’un souvenir avec des images, mais d’un état.
Une sensation d’unité fugace, troublante, bouleversante.
Un vertige de totalité.
En cet instant nous ne faisons qu’un avec l’autre, même si parfois, l’autre en question l’ignore.
Ce n’est pas une croyance. Ce n’est pas une doctrine.
C’est une vibration.
Et ceux qui la ressentent… savent.
Ils savent que ce qu’ils ressentent ne s’explique pas,
mais se vit.
“Il y a des âmes qui se cherchent en silence, et qui se trouvent sans bruit.”
— Paul Éluard
Et qu’il est parfois nécessaire, pour rester en équilibre,
d’apprendre à accueillir sans se dissoudre.
IV. Pour ceux qui ressentent sans savoir
Si tu lis ces lignes et que tu as l’impression que quelque chose en toi se reconnaît,
alors sache que tu n’es pas seul·e.
Ce que tu ressens n’est pas une erreur, ni une bizarrerie.
C’est une chance discrète : celle de parler le langage silencieux.
Une langue sans mots, mais pleine de vérités.
Un échange d’âme à âme, de souffle à souffle.
Peut-être que toi aussi, tu sens l’autre avant qu’il ne parle.
Peut-être que tu frémis au contact de certaines présences,
non par peur, mais parce que quelque chose de plus ancien se réveille en toi.
Peut-être que toi aussi, un regard suffit à te troubler. Un contact physique à te mettre mal à l’aise.
C’est cela, l’empreinte primordiale.
Et tu la portes, toi aussi.
Tu n’as pas à t’en défendre.
Mais tu as le droit, profondément, de protéger ton sanctuaire.
De choisir quand tu ouvres, et à qui.
De poser des limites sans culpabilité.
Parce que cette chance est précieuse.
Et qu’elle mérite d’être honorée avec tendresse et conscience.
Et peut-être que ce n’est pas un trouble.
Peut-être que c’est un appel.
Une invitation à se souvenir.
Et dans ce souvenir… il y a déjà une guérison.
“Ce qui est profondément senti est souvent tu.”
— Victor Hugo
V. Rituels et gestes slow living existentiels
Pour accompagner ceux qui vivent le monde en résonance
Parce que ressentir le monde en silence, avec cette intensité vibratoire, peut être aussi magnifique qu’épuisant, j’ai voulu partager ici quelques gestes simples.
Des rituels du quotidien, pour celles et ceux qui captent les présences, les non-dits, les élans invisibles.
Pas pour se couper.
Mais pour s’ancrer. Se protéger avec douceur. Et honorer cette chance singulière.
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Le rituel du sanctuaire invisible
Pourquoi : Pour protéger ton espace énergétique sans te couper du monde.
Comment : Avant de sortir ou d’entrer en lien avec quelqu’un, visualise un voile doux et translucide autour de toi. Il laisse passer la lumière, mais filtre les intrusions. Tu peux poser une main sur ton plexus et murmurer :
« Je suis ouverte à l’amour, mais je choisis ce que j’accueille. »
ou « ce qui est à toi reste à toi, ce qui est à moi reste à moi » -
La marche vibratoire
Pourquoi : Pour libérer les sensations accumulées après une interaction intense.
Comment : Va marcher sans but, quelques minutes, juste pour laisser descendre. Ne pense pas, ne raconte pas, ne retiens pas. Marche et ressens les appuis de tes pieds sur le sol. Imagine que la Terre absorbe ce que ton corps ne veut pas garder. -
Le carnet des Fréquences
Pourquoi : Pour consigner ces ressentis qui n'ont pas toujours de mots.
Comment : Tiens un carnet dédié non pas aux faits mais aux fréquences. Note ce que tu ressens après certaines rencontres : une couleur, une image, une météo intérieure. Parfois écrire « présence lilas, cœur qui vibre à gauche, fatigue joyeuse » suffit à libérer ce qui s’est imprimé. -
La douche sensorielle
Pourquoi : Pour nettoyer l’empreinte invisible de l’autre (sans culpabilité).
Comment : Sous la douche, imagine que l’eau emporte tout ce qui n’est pas à toi. Utilise une huile douce (camomille, ylang-ylang ou lavande) pour te masser le cœur ou les épaules après, comme un geste de réappropriation de ton corps. -
La pause de non-réaction
Pourquoi : Pour apprendre à ne pas répondre immédiatement à l'émotion ressentie.
Comment : Quand tu es troublé·e, offre-toi 3 respirations avant de parler, répondre, ou même comprendre. Juste : être là. Cela évite la surcharge mentale ou émotionnelle. Une forme douce de discernement. -
L’ancrage créatif
Pourquoi : Parce que ta perception nourrit ta créativité, et qu'elle a besoin d’un canal pour ne pas déborder.
Comment : Choisis une forme d’expression rituelle — écrire, modeler, faire fondre une bougie, dessiner — chaque fois que tu sens que tu vibres trop. Ce n’est pas pour produire, mais pour transmuter. Tu peux l’appeler « mon rituel d’intégration ». -
Le regard inversé
Pourquoi : Pour ne pas s’oublier dans le regard de l’autre.
Comment : Quand tu sens que tu ressens trop fort l’émotion d’autrui, ramène doucement ton attention vers ton corps : « Et moi, qu’est-ce que je ressens ? Où est-ce que ça se loge ? Est-ce à moi ou à l’autre ? »
Pose ta main là où ça vibre, et répète doucement :
« Ce que je ressens n’est pas forcément à moi, et je peux choisir de le laisser partir. »
Avec tendresse pour les âmes sensibles,
— Vicky, O P’tit Mystic
Créatrice & tisseuse de silences partagés