Personne ne te doit rien.

Personne ne te doit rien.

Puisque l’on ne nous doit rien… qu’attendons-nous pour vivre enfin ?

Il y a dans le cœur humain une attente tenace, souvent invisible, mais si profonde que l’on vit parfois toute une vie à en poursuivre l’ombre.

On attend que ceux qui nous ont blessés reconnaissent leurs torts.
On attend que le monde nous rende justice, qu’il nous traite avec la même attention que celle qu’on lui a donnée.
On attend des gestes qui ne viendront jamais, des mots qu’on aurait voulu entendre, un retour sur investissement affectif — pour toutes ces fois où l’on a aimé sans compter.

Mais parfois, la vie ne répond pas.
Elle ne s’explique pas.
Elle passe.

Et ce silence-là, quand on cesse enfin de crier dans le vide, peut devenir un début.

Quand la vie ne donne pas ce que l’on croyait avoir mérité

Il est des moments charnières, douloureux et nécessaires, où l’on comprend que la vie ne distribue pas ses cadeaux selon une logique de mérite.
Que l’on peut avoir aimé de toutes ses forces et n’avoir en retour que de l’indifférence.
Que l’on peut avoir donné le meilleur de soi, et être quitté sans un mot, ignoré sans raison, ou encore méprisé.

Ce qui se brise alors, ce n’est pas seulement l’espérance : c’est une forme de contrat imaginaire, celui que l’on croyait tacite entre le monde et nous.
Comme si, parce que l’on avait bien agi, la vie nous devait du beau, et surtout,  du juste. 
Comme si les autres devaient répondre à notre sincérité, réparer nos blessures, équilibrer la balance.

Mais il n’y a pas de balance.
Et il n’y a pas de dette.

Personne ne nous doit rien. Et c’est peut-être là, la vraie liberté.

L’un des virages les plus violents — et les plus libérateurs —, c’est celui-là :
comprendre que personne ne nous doit l’amour, l’écoute, le soin, la douceur.

Ce ne sont pas des choses moins belles pour autant.
Mais elles ne sont jamais garanties.
Et c’est précisément cela qui leur donne toute leur valeur lorsqu’elles se présentent — gratuitement, librement, sans condition.

Ce basculement intérieur change tout.

On cesse d’attendre que le passé se corrige.
On arrête de tendre la main vers ceux qui ne peuvent — ou ne veulent — la prendre.
On abandonne l’idée que quelqu’un finira par nous "donner ce que l’on mérite".

Et c’est alors que, sans bruit, quelque chose se déplace.
On sort du rôle de victime, non pas en niant la douleur, mais en refusant qu’elle dicte le reste de l’histoire.
On accueille cette vérité nue : je n’ai pas reçu… mais je ne suis pas vide.

Et c’est ici que la magie se produit. On devient alors parent de soi. Artisan de beauté. Porteur d’une lumière que personne ne nous avait promise. Responsable de notre bonheur.

Car c’est là le pouvoir immense que nous avons : créer ce que nous n’avons pas reçu.

Ce choix, loin d’être une résignation, devient un acte sacré.
Un positionnement.
Une forme de spiritualité incarnée : douce, simple, résistante.

Créer la tendresse dans un monde dur.
Choisir la lenteur là où tout s’agite.
Semer du sens et du soin là où il n’y avait que négligence et oubli de soi.

Ce n’est pas pour rattraper ce qui manque.
Ce n’est pas pour réparer à tout prix.
C’est simplement parce que le beau n’est pas une récompense — c’est un chemin. Et que parfois, ceux qui ont connu l’absence sont les seuls à pouvoir bâtir des refuges.

Je ne réclame plus. Je crée, et dans ce choix, je retrouve ma dignité.

Il n’y a rien à pardonner.

Pas parce que la douleur est moins vive.
Pas parce que nous avons "fait la paix" avec ce qui ne s’excuse pas.
Mais justement : parce que personne ne nous doit rien, il n’y a rien à rendre.
Rien à réparer.
Rien à justifier.

Rien à pardonner.

C’est précisément dans ce rien que tout peut commencer.
Un rien fertile.
Un vide habité.
Un silence qui n’attend plus… mais qui choisit.

C’est là que commence notre vraie vie.

Pas dans la réclamation.
Pas dans le pardon forcé. Nous avons toutes et tous entendu "qu’il fallait pardonner pour être en paix", "que le pardon était un signe d’intelligence", etc. Ces phrases sont responsables de beaucoup de culpabilité lorsque l’on n’y arrive pas. Alors à la place, je te propose de sortir de ce schéma de bourreau et de victime. Je te propose de recuperer le pouvoir.
Cette liberté commence donc dans le fait de ne plus attendre que la vie s’excuse.

Elle ne le fera pas.
Et c’est très bien ainsi. Cela te permet de grandir.

À nous, alors, de marcher avec ce que nous avons.
D’en faire un lieu habitable.
Un territoire tendre.
Une bulle de douceur.

✨️ William Ernest Henley – Invictus (1875)

« Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. »

🌿 Quelques pistes pour habiter ce rien fertile

Ce n’est pas un chemin facile.
Mais voici quelques élans possibles pour s’y engager, pas à pas, à ton rythme.

  • ✧ Nommer ce que tu attends encore
    Prends un carnet. Écris : "J’attends que…" Et complète sans filtre. Peut-être : "…qu’ils me comprennent", "…qu’on me voie", "…qu’on me dise merci", "...que l’on reconnaisse ma valeur".
    Puis demande-toi : si cela n’arrive jamais… puis-je quand même me construire, êtreheureux.se?
    Ce n’est pas un renoncement, vois plutôt cela comme une libération.
  • ✧ Créer ce que tu n’as pas reçu
    As-tu manqué de douceur? Offre-toi une tasse chaude et un silence.
    As-tu manqué d’encouragement ? Parle-toi comme à un enfant aimé.
    As-tu manqué d’écoute ? Écoute profondément les murmures du vivant autour de toi.
  • ✧ Pratiquer le détachement doux
    Ne pas attendre ne veut pas dire devenir froid·e.
    Essaie un jour : fais quelque chose de beau sans le dire à personne. Rien que pour toi.
  • ✧ Ritualiser la reconstruction
    Allume une bougie et dis : "Je me libère de ce que l’on ne m’a pas donné."
    Colle une phrase sur ton miroir : "Je suis le refuge que j’attendais." Ou bien, la citation de William Ernest Henley que je t’ai noté plus haut.
  • ✧ Entourer ton monde de beauté libre
    Décore ta vie de petits riens. Un livre qui t’apaise. Un cailloux qui brille dans la poche. Une musique qui répare.
    N’attends pas que la vie t’envoie un miracle. Deviens ce miracle ordinaire. Tu es ce miracle. Relève la tête et sois le ou la "Capitaine de ton âme". Ne laisse plus l’autre décider de ton bien-être,  de ton humeur.

✨️ Vicky - Funambule entre l’ombre et la lumière 

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