
Pourquoi avons-nous si peur d’être abandonnés?
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La Question Slow & Neuro
Épisode 1 — Pourquoi avons-nous si peur d’être abandonnés ?
I. Une question posée
“Pourquoi je panique dès que je sens qu’on s’éloigne de moi ?”
C’est souvent invisible.
Un silence trop long, un “vu” sans réponse, un léger changement de ton.
Et tout ton corps réagit, comme s’il pressentait une déchirure. Un nœud dans la gorge, une boule dans le ventre, les émotions à fleur de peau...
Tu veux rester calme, dédramatiser… mais à l’intérieur, ça vacille.
Tu as l’impression (ou conscience) d’en faire trop, et pourtant, tu n’arrives pas à faire autrement.
Et si ce n’était pas une faiblesse ?
Et si ton cerveau essayait juste de te protéger à sa manière ?
II. Au bord du manque
Tu es né·e pour être en lien.
Depuis ta première respiration, ton être cherche la chaleur, la voix, la présence.
Et quand ce lien tremble, même un peu, c’est tout ton monde intérieur qui frémit.
Cette peur n’est pas un caprice.
Elle est l’écho d’un besoin fondamental : celui de ne pas être seul·e dans l’obscurité.
Elle parle de tendresse non reçue, de bras absents quand il aurait fallu qu’ils restent, de regards trop flous quand tu cherchais des repères.
Alors non, tu n’es pas “trop”.
Tu es sensible à la rupture du lien, comme une peau qui garde la trace d’une caresse oubliée.
Et cette sensibilité, si elle te pèse parfois, est aussi la preuve que tu sais aimer profondément.
III. Une explication neuroscientifique
Ton cerveau est un cerveau social. Il est câblé pour l’attachement. Pour ton cerveau reptilien, rejet égal mort certaine.
Quand un lien semble se distendre ou menace de se rompre, il déclenche une alarme — exactement comme s’il y avait un danger physique.
Des études montrent que le rejet social active les mêmes zones cérébrales que la douleur physique : notamment le cortex cingulaire antérieur et l’insula, c’est fou non?
C’est pourquoi être ignoré·e, mis·e de côté, ou même anticiper une perte, peut faire vraiment mal.
IV. Mais alors… pourquoi certains ne le ressentent pas autant ?
Parce que nous avons chacun une histoire d’attachement différente.
A. Certains ont grandi avec un lien sécure et ne ressentent pas (ou peu) cette insécurité affective…
Leur environnement leur a appris que :
- L’amour est constant : Ils ont grandi avec un attachement sécure, un environnement stable, prévisible, et émotionnellement disponible.
- Les émotions sont accueillies : Des figures de réassurance constantes validaient leurs émotions sans les minimiser.
- La sécurité ne dépend pas du silence ou de la performance : Ils ont intégré que l’amour ne se perd pas dès qu’on fait une erreur, qu’on n’est pas rejeté dès qu’on est “trop”.
Leur système nerveux sait, profondément, qu’il n’est pas en danger quand l’autre s’éloigne.
Ils peuvent ressentir la distance sans panique. Ce n’est pas un manque d’amour, c’est une empreinte de sécurité.
B. D’autres ont vécu la même insécurité, mais la dissimulent (attachement évitant)
Certaines personnes semblent détachées, fortes, inébranlables…
Pourtant, ce n’est parfois qu’un mécanisme de protection.
Elles ont appris à ne plus sentir, à devenir autonomes à l’extrême pour ne plus dépendre d’un lien jugé instable.
C’est ce qu’on appelle un attachement évitant : l’émotion est là, mais enfouie, car trop douloureuse à vivre autrement.
Elles réduisent leur sensibilité au lien parce qu’il a déjà été source de douleur, d’inconstance ou d’indifférence.
Elles préfèrent “ne pas avoir besoin” plutôt que de ressentir le vide.
Ce n’est pas qu’elles ne ressentent pas l’insécurité,
c’est qu’elles l’ont enfermée sous une couche d’autosuffisance défensive.
C. L’insécurité peut venir de micro-fractures affectives, les blessures plus subtiles
Il n’est pas nécessaire d’avoir vécu un “abandon brutal” pour ressentir cette blessure :
- Des absences émotionnelles répétées,
- Un amour conditionnel ("je t’aime si tu es sage", "si tu ne fais pas de vagues"),
- Des émotions ignorées, ou minimisées ("tu exagères", "c’est rien"),
- Une solitude non reconnue dans l’enfance…
Tout cela peut inscrire une trace dans le corps, tisser une mémoire du manque, même si tout semblait “normal” de l’extérieur.
V. Une solution slow
Ce soir, prends un carnet ou deux feuilles.
Sur la première, écris ce que tu as ressenti ou ce que tu ressens lorsque l’autre s’éloigne. Lorsque tu sens ce vide abyssal qui te guette.
Écris tout à la première personne, en utilisant le "je".
Sur la seconde feuille, écris les mots que tu aurais eu besoin d’entendre, à ce moment-là.
Quand tu étais seul·e.
Quand tu attendais qu’on te voie, qu’on te garde, qu’on reste.
Écris-les sans te censurer, sans chercher à être sage.
Pas pour t’auto-consoler. Juste pour laisser une trace claire de ce vide.
Car c’est parfois en le regardant en face, qu’on commence doucement à en sortir.
Puis, relis cette seconde page, doucement.
Lis-la comme si c’était toi, aujourd’hui, qui t’adressais ces mots.
Souvent, ce que tu attends de l’autre… c’est toi-même qui peux te l’offrir, à nouveau.
Paradoxalement… c’est ce respect du manque qui répare.
VI. Et toi… si tu ressens cette peur
Alors sache que tu n’es pas seul·e.
Tu n’es pas cassé·e.
Tu es sensible, c’est tout.
Ce n’est pas une défaillance.
C’est une empreinte relationnelle, un appel ancien que tu es en train d’entendre.
Ton système nerveux a appris à être en alerte, mais il peut aussi apprendre à se déposer.
Chaque mot doux, chaque geste lent, chaque lien sincère que tu recrées aujourd’hui est une réparation invisible,
une lumière qui revient dans ta forêt intérieure.
Et si tu ne sais pas encore comment… ce n’est pas grave.
Tu es déjà en train de te choisir, juste en lisant ces lignes.
Le fait de t’en rendre compte, d’en parler, de l’explorer…
c’est déjà une réparation en soi.
7. Mantras à noter dans ton carnet
- "Mon besoin d’être aimé·e est ancien. Mais aujourd’hui, je choisis d’être aimé·e pour qui je suis, rien de plus, rien de moins."
- "Je n’ai pas besoin de me conformer ni de m’effacer pour être aimé·e."
- "Je suis assez. J’ai de la valeur."
Un mot après l’autre, je t’écris comme on allume une bougie.
Avec douceur, Vicky ✨️