
Rentrée et neuroatypie
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Quand l’esprit papillonne : neuroatypie et l’angoisse de ne pas tout gérer
Et si l’éparpillement n’était pas un défaut à corriger, mais une autre manière d’habiter le monde ?
Il y a des jours où l’on se sent éparpillé·e, comme des feuilles d’automne portées par le vent. Les idées affluent, les projets s’enchaînent, l’envie d’apprendre ou de créer semble infinie… et pourtant, au milieu de cette abondance intérieure, un stress discret s’installe : celui de ne jamais arriver au bout, de s’éparpiller, de ne pas réussir à “tenir la route” comme les autres.
Pour beaucoup de personnes neuroatypiques, ce tiraillement est familier. Vivre avec un esprit qui fonctionne différemment, c’est porter une richesse de perceptions, de créativité, d’intuition, mais aussi se heurter à des attentes sociales construites pour les lignes droites, les cases bien rangées, la productivité régulière.
L’illusion de tout gérer
Le monde moderne glorifie ceux qui cochent leurs listes, qui avancent avec méthode et discipline. Alors quand on se retrouve avec trois carnets ouverts, dix idées en cours et une énergie en dents de scie, on culpabilise. On croit qu’il faut “mieux s’organiser”, “se cadrer davantage”, comme si la solution se trouvait dans une normalisation forcée.
Mais peut-être qu’il n’y a pas de “tout” à gérer. Peut-être que l’on peut choisir de ne pas tout faire, de ne pas tout terminer, de ralentir, d’accueillir les élans comme des pistes possibles plutôt que comme des injonctions. S'autoriser à papillonner, à butiner différentes fleurs, à tester, à abandonner pour peut-être revenir, ou pas, ce n'est pas grave.
L’art de s’ancrer dans l’instant
S’ancrer, ce n’est pas renoncer à sa nature papillonnante. C’est lui offrir un refuge. Cela peut passer par de petites choses :
- noter une seule priorité par jour au lieu d’une longue liste,
- accepter d’avoir des cycles d’énergie et de repos,
- se donner la permission d’explorer sans terminer, juste pour la joie de l’élan.
Une richesse à apprivoiser
Être neuroatypique, ce n’est pas être “moins capable”. C’est porter une autre façon de percevoir, de connecter les points, d’inventer. Derrière l’éparpillement se cache souvent une créativité foisonnante, un regard unique sur le monde.
Et si, au lieu de lutter contre notre façon d’être, nous apprenions à la considérer comme une forêt intérieure ? Une forêt où l’on ne suit pas une seule ligne droite, mais où chaque détour offre un paysage nouveau.
Vicky, funambule entre l’ombre et la lumière