Se pardonner d’être imparfait

Se pardonner d’être imparfait

Une traversée vers soi

On nous dit que l’échec est formateur, qu’il faut oser, mais la vérité, c’est que bien souvent, on ne nous apprend pas à tomber. Encore moins quand on a été cet.te élève brillant.e, cette personne sur qui les autres projettent déjà la réussite. On devient le reflet de leurs espoirs. Et l’idée de les décevoir nous paralyse.

Alors, on n’essaie plus. On laisse nos rêves dormir, non pas par manque d’envie, mais pour éviter l’humiliation de rater. Ce n’est pas la perfection que l’on poursuit, c’est l’approbation.

Et pourtant… si on nous avait dit que l’essentiel n’était pas de réussir, mais de rester fidèle à ce qui nous anime ? Si on nous avait appris à chercher la douceur plutôt que la performance ?

La pression de la perfection dans notre société

Voici quelques pistes pour t’aider à cheminer à mes côtés : permets-toi de répondre comme tu le ressens :

  • Dans ton quotidien, où ressens-tu le plus cette pression d’être « parfait.e » ou du moins « à la hauteur » ?
  • Est-ce que tu la ressens plutôt comme une pression extérieure (regard des autres, attentes sociales) ou comme une exigence intérieure qui revient souvent ?
  • Et quand tu y penses avec du recul… est-ce que tu trouves que cette perfection qu’on nous vend est réaliste, ou est-ce une illusion déguisée en idéal ?

Et parfois, ce n’est pas théorique. Parfois, c’est une scène très concrète, gravée dans la mémoire. Une scène qui en dit long sur la peur d’essayer…

Il y a cette scène, marquante, silencieuse, qui parle de tant d’autres : elle est allée jusqu’au bout du chemin, jusqu’à la porte du concours. Et là, face à la foule, elle a entendu une voix intérieure : “Tu n’es pas à ta place. Ils sont tous bien meilleurs que toi. Tu vas échouer et alors tout le monde saura la vérité.”

Alors elle a rebroussé chemin, non pas parce qu’elle manquait de motivation, mais parce qu’elle s’est jugée indigne d’essayer.
L’échec, ce jour-là, n’a pas été de ne pas se présenter à un examen. Il a été de croire qu’elle n’avait pas le droit d’y croire.

2. Le poids de l’enfance, des modèles parentaux, des standards impossibles

C’est souvent là que naît le besoin d’être parfait.e : dans les premiers regards, les premières attentes, les premiers silences aussi. Ce que l’on a compris (ou cru devoir comprendre) pour être aimé.e, vu.e, respecté.e.

Parfois, il ne s’agit pas de mots durs, mais d’une atmosphère, d’un modèle : un parent toujours débordé, une mère fatiguée, un père exigeant, ou une famille où les émotions ne s’exprimaient pas.

Voici quelques questions pour ouvrir la porte sans forcer :

  • As-tu le souvenir d’un moment dans ton enfance où tu t’es senti.e jugé.e, comparé.e, ou obligé.e d’être “sage”, “efficace”, “à la hauteur” ?
  • Est-ce que tu avais un modèle dans ta famille (ou ailleurs) qui incarnait la réussite, la force, la perfection… et avec qui tu t’es inconsciemment comparé.e ?
  • Quelle place avait l’erreur ou l’imperfection chez toi quand tu étais petit.e ? Était-elle accueillie ou source de reproches ou de silence ?

Et puis, cette exigence vient rarement de nulle part. Elle est souvent héritée. Transmise. Elle a un visage, un ton, une histoire.

Elle a grandi sous le regard d’un père qui voyait en elle son meilleur produit. Elle portait la fierté comme une armure, persuadée qu’il suffisait d’exceller pour être aimée. Et puis, un jour, il est parti.

Alors tout s’est effondré. La petite fille brillante s’est retrouvée seule, sans public, sans repère. Et le regard qui la tenait debout est devenu un mur froid.

Depuis, elle cherche dans chaque projet, chaque réussite, la preuve qu’elle vaut quelque chose. Mais ce n’est pas l’échec qu’elle redoute. C’est de revivre l’abandon, de ceux qui se rendraient compte que, finalement, elle ne vaut pas grand chose.

3. Les conséquences du non-pardon : épuisement, sabotage, peur d’agir

Quand on ne se pardonne pas d’être imparfait.e, on vit dans une tension permanente. Il faut faire, bien faire, prouver. Mais à force de vivre avec cette pression, on finit par craquer. On s’épuise. Ou bien on s’auto-sabote, inconsciemment. Parce que si l’on échoue avant même d’essayer vraiment, alors au moins, ce sera notre décision.

Voici quelques pistes pour t’aider à faire remonter ce que tu vis :

  • As-tu déjà eu cette impression d’être à bout alors que tu n’as “rien fait de si intense” objectivement, mais que tu sais que c’est le mental qui t’épuise ?
  • Est-ce qu’il t’arrive de repousser, de reporter, d’“oublier de faire” des choses importantes pour toi, comme si une partie de toi sabotait l’élan ?
  • Est-ce que tu ressens parfois cette peur paralysante d’agir, de créer, de proposer quelque chose, simplement parce que tu pourrais ne pas être à la hauteur — et qu’alors, ça confirmerait les pires choses que tu crois sur toi ?

Ce n’est pas qu’on ne veut pas agir. C’est qu’agir mettrait notre image en péril. Alors on reste là, à douter, à tourner en rond.

Ce n’est pas de la paresse, ni un manque de volonté. C’est de la peur. La peur de confirmer ce que l’on soupçonne au fond de soi : qu’on est incapable, qu’on ne mérite pas l’estime qu’on reçoit. Alors, on reporte. On évite. On s’épuise dans l’ombre à porter une armure trop lourde. On devient le gardien de notre propre prison. Car tant qu’on ne tente rien, on ne peut pas échouer. Tant qu’on ne montre rien, on ne peut pas être jugé.e. Mais à quel prix ?

4. Le pardon comme acte de tendresse envers soi-même

Parfois, on essaie de se rassurer. De se dire des choses douces. Mais quand on a grandi dans le jugement, même les mots bienveillants nous semblent suspects.

Voici quelques questions douces, pour voir si ce pardon a déjà frôlé ton cœur :

  • As-tu déjà vécu un moment, même fugace, où tu t’es autorisé.e à être imparfait.e… sans te juger ?
  • Te souviens-tu d’une fois où tu as fait preuve de compassion envers toi-même, où tu t’es dit “j’ai fait comme j’ai pu” — et que cette phrase t’a soulagé.e, un peu ?
  • As-tu un geste, un lieu, un mot qui t’aide parfois à revenir vers toi, sans exigence, juste avec tendresse ?
Elle se dit parfois je suis assez. Mais la phrase sonne faux. Comme si elle validait un crime. Comme si se dire “assez” revenait à se résigner.

Mais et si c’était l’inverse ? Et si "je suis assez" était le premier pas vers une vraie paix ? Pas celle qui nie les blessures, pas celle qui fuit l’effort. Mais celle qui dit : je n’ai plus besoin de me punir pour mériter d’exister.

Et si le vrai courage, ce n’était pas de réussir… mais d’oser s’aimer, même dans l’échec ?

Il n’arrive pas d’un coup. Le pardon ne se proclame pas, il se tisse. Lentement. Dans les silences, dans la fatigue, dans l’instant où l’on n’a plus la force de se haïr.

Parfois, c’est en pleine nuit. Quand le corps est lourd, que le monde dort, et que l’on reste là, les yeux ouverts, à ressasser tout ce qu’on aurait pu mieux faire, tout ce que l’on aurait dû dire... Et dans ce vacarme intérieur, un mot glisse : Assez.
Pas “tu es parfaite”. Juste : “C’est assez.”

Pas pour excuser. Pas pour oublier. Mais pour poser les armes. Pour se dire : “Je n’ai pas à me punir toute ma vie pour n’avoir pas su plaire, réussir, briller à chaque instant.”

Peut-être que le pardon, c’est ça :
S’autoriser à respirer, même quand on n’a pas coché toutes les cases.
S’autoriser à continuer, même quand on n’a pas été parfait.e.
S’autoriser à s’aimer, même quand on ne comprend pas encore comment.

5. Des rituels ou phrases pour amorcer ce pardon

Le rituel du soir pour s’offrir le pardon

Matériel :

  • Une bougie (peut-être Murmure Sacré ou Éclat d’Ébène)
  • Un petit miroir
  • Un carnet et un stylo
  • Une tisane chaude (camomille, mélisse ou reine-des-prés par exemple)

Rituel :

  • Allumer la bougie lentement, en disant à voix basse :
    “Ce soir, je cesse de me battre contre moi-même.”
  • Se regarder quelques secondes dans le miroir, sans rien attendre. Juste observer. Puis murmurer :
    “Je suis humain.e. Je suis fatigué.e. Et c’est assez.”
  • Écrire dans le carnet une phrase commençant par : “Aujourd’hui, je me pardonne de...”
  • Boire la tisane comme un baume, en silence, en laissant le souffle ralentir.

Quelques phrases d’intention à utiliser comme mantras :

  • “Je n’ai pas besoin d’être parfait.e pour mériter la paix.”
  • “Je me pardonne de survivre quand j’aimerais rayonner.”
  • “Je suis assez, même quand je doute, même quand je tombe.”
  • “Je ne suis pas ce que j’ai accompli. Je suis ce que j’apprends à aimer.”
Elle allume la bougie Éclat d’Ébène.
Ce n’est pas une lumière criarde. C’est un éclat sombre, un souffle chaud, comme une veilleuse dans la nuit.
Elle dit : Je suis une ombre capable d’éclairer.
Et dans ce paradoxe, elle trouve enfin un endroit où se poser.
Elle est cette âme fatiguée de vivre, mais qui rayonne malgré tout.
Et c’est assez. Pour ce soir. C’est assez.

6. Une ouverture poétique : ce que ce pardon change, profondément, dans une vie

Pas tout de suite. Pas avec des fanfares. Le pardon n’est pas un miracle. Il est un frémissement.

Il change quelque chose d’invisible : La manière dont on se parle. Dont on se regarde dans le miroir. Dont on accueille une journée ratée sans s’effondrer.

Il ne transforme pas la vie. Il la rend habitable.

Il ne dit pas “tu es parfaite”. Il chuchote “tu as le droit d’être toi.”

Et parfois, ça suffit pour continuer.

Et si ce pardon n’est jamais venu ?
Alors qu’il sache ceci :
On l’attend.
Avec des bougies allumées dans la nuit.
Avec des silences qui espèrent.
Avec une tendresse qu’on ne sait pas encore s’offrir,
mais qu’on garde au chaud, quelque part, au fond du cœur.

Pour le jour où l’on osera enfin se dire :
Je suis assez. Même sans y croire.

Écrit à voix basse, pour celles et ceux qui cherchent encore comment s’aimer doucement.
Un pas après l’autre,
Avec toute ma tendresse,
Vicky

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