
S'offrir la bienveillance : un regard nouveau sur soi-même
Share
Il est facile d’être bienveillant avec les autres. Trouver les bons mots pour réconforter un ami, encourager un proche, voir leur beauté même dans leurs imperfections… Mais qu’en est-il de nous-mêmes ? Comment nous parlons-nous dans le secret de notre esprit, face au miroir, face à nos doutes et à nos échecs ? Trop souvent, le regard que nous posons sur nous est sévère, exigeant, comme si nous devions sans cesse prouver notre valeur.
Et si nous choisissions autre chose ?
Se regarder avec amour, tout simplement
Nous portons tous des ombres et des lumières, des forces et des fragilités. Trop souvent, nous rejetons nos parts sombres, comme si elles faisaient de nous quelqu’un d’indigne ou d’incomplet. Pourtant, elles sont là, et elles font partie de notre histoire. Elles nous ont façonnés.
Accueillir ses ombres, c’est leur offrir un espace pour exister sans honte. C’est reconnaître que nos peurs, nos failles et nos blessures ne sont pas des défauts, mais des facettes de notre humanité. C’est comprendre qu’elles n’annulent pas nos qualités, mais coexistent avec elles.
De la même manière, il est essentiel d’embrasser nos lumières, sans fausse modestie. Se reconnaître talentueux, sensible, créatif, doux… Se donner le droit d’être fier de soi. Pourquoi ne voyons-nous pas la beauté que les autres perçoivent en nous ?
Sortir du piège du "toujours plus"
Je ne suis pas guérie de ce que je nomme le syndrome du "toujours plus". Il y a les jours avec et les jours sans.
Cette pression du "toujours plus" est épuisante, et elle est d’autant plus insidieuse qu’elle s’infiltre partout, même dans ma façon d’être mère, de travailler, d’aimer. Comme si l’on devait sans cesse prouver notre valeur, sans failles, sans doutes, sans fatigue. Et pourtant, ce n’est pas la réalité. Ça nous rend plus malheureux qu'autre chose.
Nous sommes faits d’ombres et de lumières, de jours où l’on se sent invincible et d’autres où l’on doute de tout.
C’est ce qui nous rend profondément humains. Ce qui nous donne du relief, de la profondeur. Refuser une part de soi, c’est se priver de l’équilibre qui nous rend entiers.
Cette injonction au bonheur absolu et à la perfection est destructrice. Elle nous éloigne de nous-mêmes au lieu de nous élever. Vouloir être "uniquement lumière", c’est comme vouloir une nature sans ombre, une musique sans silence, un tableau sans contraste. Ce serait plat, figé, sans âme.
C'est Debussy qui aurait dit je crois : "La musique est le silence entre les notes".
Nous vivons dans une société qui valorise la perfection et rejette l’imperfection. Il faudrait être toujours jeune, toujours mince, toujours de bonne humeur, toujours lumineux, toujours épanoui… et donner l’impression que tout cela est naturel, facile, évident.
Mais ce n’est pas la réalité. Et c’est un piège qui nous enferme.
Pendant longtemps, nous pouvons nous imposer cette pression du "toujours plus" : être plus, avoir plus, faire plus, être une mère parfaite, une femme parfaite, une amie parfaite. Nous devenons nos propres bourreaux, exigeant de nous-mêmes une version idéalisée qui n’existe pas. Et lorsque nous n’atteignons pas ces objectifs imaginaires, nous nous sentons coupables, insuffisants, imparfaits.
Mais la vérité, c’est que nous ne sommes pas que lumière. Nous ne sommes pas que ombre. Nous sommes un mélange des deux, et c’est cela qui nous rend humains. Certains jours, nous serons plus dans la lumière, d’autres dans la mélancolie. Et c’est ainsi. C’est ce qui fait notre singularité et notre beauté.
Nous sommes assez. Ici, maintenant.
Il n’y a rien à prouver. Rien à justifier. Nous sommes déjà assez, exactement comme nous sommes. Pas demain, pas lorsque nous aurons coché toutes les cases d’une réussite extérieure. Mais maintenant, dans l’imperfection et l’authenticité de l’instant.
Prendre soin de soi, ce n’est pas un luxe ou un caprice. C’est une nécessité. C’est s’offrir des instants où le temps s’étire, où l’on écoute son corps, son cœur, ses besoins profonds. Se donner de l’espace pour exister, pour souffler, pour ressentir.
Vivre pour soi, pas pour l’image que l’on renvoie
Parfois, nous nous égarons en cherchant à correspondre à une attente, un idéal. Nous modelons notre vie en fonction du regard des autres, oubliant nos propres désirs. Mais au fond, qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux ?
S’accorder la bienveillance, c’est se libérer de ces injonctions. C’est se demander, sincèrement :
Qu’est-ce qui me fait vibrer ? Qu’est-ce qui m’apaise ? Qu’ai-je envie de créer, d’explorer, d’incarner ?
C’est reprendre le fil de notre propre histoire et en faire quelque chose de vrai.
Un pas après l’autre
Il ne s’agit pas de changer du jour au lendemain, ni de chercher une perfection nouvelle. Juste d’oser, chaque jour, poser un regard plus doux sur soi. De chasser la critique intérieure par une parole apaisante. De s’accorder des moments où l’on existe, pleinement, sans masque ni pression.
Allumer une bougie et respirer profondément. Se promener sous les arbres, sans but. Savourer un thé en silence, sans écran ni distraction. Se dire, avec tendresse : Tu es assez.
Et si nous faisions ce choix, aujourd’hui ?
Avec toute ma bienveillance,
Vicky